Doctena a séduit la moitié des médecins luxembourgeois

Publié le 9 décembre, 2020

Luxemburger Wort

La plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne n’en finit pas de grandir. La mise en place de la vidéo-consultation depuis le printemps ayant ajouté un atout de plus pour les cabinets comme pour les patients.

(pj avec Mara BILO) En quelques années, la société luxembourgeoise Doctena est devenue l’un des principaux fournisseurs de rendez-vous en ligne dans le secteur de la santé. Présente dans six pays, son système a permis plus de 1,4 million de consultations médicales à distance. Avec la crise covid, la start-up a introduit de nouvelles fonctionnalités à sa plateforme. Entretien avec Alain Fontaine qui vient d’être choisi pour diriger l’entreprise qu’il a co-fondée en 2013.

Comment le service Doctena a-t-il évolué ces derniers moisAlain Fontaine : « En fait, il n’y a pas eu d’augmentation de l’activité sur le site. Car de nombreux cabinets, comme ceux des dentistes, ont été fermés pendant plusieurs semaines lors du lockdown du printemps dernier. Du coup d’ailleurs, certains professionnels de santé (à l’arrêt) ont suspendu leur abonnement à notre plateforme. De manière générale, il n’est pas plus facile de vendre nos services et nos produits aujourd’hui; cela même si la sensibilisation aux solutions numériques dans le secteur de la santé s’est considérablement accrue avec la pandémie. »

Mais le site a inclus la vidéo-consultation juste à compter de mars dernier, bon timing...

« Ce service était déjà en cours de développement, la crise nous a amenés à proposer cette option plus rapidement. Cela a permis à certains médecins de travailler un peu, même s’ils ont dû physiquement fermer leur cabinet. Aujourd’hui encore, certains praticiens ne souhaitent toujours pas rouvrir, ou au moins avoir une salle d’attente surpeuplée, donc ils sont plus portés sur ce type de consultation. Même si le «à distance» n’est pas la solution pour l’ensemble des pathologies. »

Qui utilise le plus votre plateforme?

« En général, les consultations vidéo sont principalement utilisées par les généralistes, les psychologues et les psychothérapeutes. En d’autres termes, les spécialités médicales où le contact physique avec le patient ne constitue pas une nécessité absolue. Pour pouvoir utiliser cette fonctionnalité, les médecins paient un forfait mensuel. »

Êtes-vous satisfait de ces résultats ?

« Oui et non. Jusqu’à présent, moins de 10% de nos clients ont essayé la consultation vidéo. Ce n’est pas beaucoup. Mais il faut tenir compte du fait que, dans le monde médical en général, il faut beaucoup de temps pour que de nouvelles technologies soient intégrées. Notre solution en ligne est tout simplement trop récente. Il reste donc beaucoup à faire pour convaincre davantage de médecins. »

Pensez-vous que la consultation vidéo va rester en usage passé le coronavirus?

« Absolument. Je suis convaincu que l’importance de tout ce qui se cache derrière le terme ‘télé-médecine’ va fortement augmenter dans les années à venir. Aussi bien la consultation vidéo que l’échange numérique d’informations entre médecin et patient ou la surveillance à distance de certaines données vitales, comme la pression artérielle ou le rythme cardiaque. L’élaboration du dossier de soins partagés en est un exemple. »

Comment va maintenant grandir la plateforme?

« Mon objectif pour 2021 est d’ajouter, chaque mois, au moins une nouvelle fonctionnalité à notre offre. En début d’année, nous voulons simplifier l’échange d’informations entre le médecin et le malade. »

« À l’avenir, les patients pourront envoyer leurs documents à leur médecin (analyse sanguine, radiographie ou coordonnées s’il s’agit de leur premier rendez-vous). Pour sa part, le professionnel pourra également préciser à l’avance quelles sont les pièces nécessaires à la consultation. De cette manière, il n’y a pas de perte de temps dans la pratique. »

« En outre, nous avons aussi l’intention de proposer une solution pour le temps d’attente des patients. Dans certains restaurants, il existe la possibilité d’avertir les clients par un «buzzer» lorsque leur table est prête. Là, les patients pourraient être informés par SMS, cinq minutes avant le début du rendez-vous que le médecin aura bientôt du temps à leur consacrer. Cela permettrait d’éviter de patienter inutilement à l’avance, et soulager les salles d’attente. »

Vous n’avez pas de réelle concurrence au Luxembourg. Comment cela se passe-t-il dans les autres pays où Doctena est actif ?

« Au Grand-Duché, nous sommes effectivement la seule entreprise à offrir ce service. Nous avons environ 2.000 clients potentiels dans le pays, sachant que déjà plus de 1.050 professionnels de la santé utilisent notre plateforme. Soit une part de marché de plus de 50%. C’est différent ailleurs. En Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche et en Suisse, la pression concurrentielle est forte (en termes de prix comme de services offerts). »

Comment évaluez-vous votre réussite?

« D’une manière générale, il faut préciser que la pénétration du marché de ces solutions numériques dans le secteur des soins de santé reste très faible. Prenons l’Allemagne : là-bas, il y a environ 380.000 professionnels de la santé mais à peine 25.000 médecins utilisent des services comme ceux que Doctena propose. La pénétration du marché est donc relativement faible. Il faudra des années avant qu’il devienne habituel de prendre un rendez-vous chez le médecin en ligne et, dans certains cas, d’organiser une consultation vidéo avec son docteur. »

Source : wort.lu

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